Jean-Marie Rodrigue Villeneuve (1883-1947) |
À l'approche de la saison d'été,
qui, au surplus, nous amènera cette année les grandes
manifestations religieuses du Congrès Eucharistique Canadien, il ne
semble pas inutile de rappeler une fois encore à tous Nos fidèles
les exigences imprescriptibles de la morale chrétienne dans le
vêtement.
Nonobstant les suggestions de la mode et les exemples d'un
trop grand nombre, les catholiques ne peuvent se laisser entraîner
par le torrent de l'immoralité, ni surtout les pasteurs se relâcher
de leur vigilance et de leur juste sévérité.
Dans l'église et même aux fonctions
sacrées qui se déroulent en plein air, une particulière
surveillance doit être exercée. Il n'est permis à personne
d'assister aux saints offices, et à plus forte raison de se
présenter à la Sainte Table ou au Confessionnal, sans être vêtu
avec convenance, chacun selon son état.
C'est la loi canonique même : « Soit
dans l'église soit hors de l'église, lorsque les femmes assistent
aux rites sacrés, elles doivent avoir la tête couverte et être
vêtues modestement surtout pour s'approcher de la Table
Sainte » (canon 1262, § 2).
Les personnes du sexe ne sauraient donc
être admises dans une toilette trop négligée ou trop mondaine :
leur tenue, au contraire, doit respirer la modestie, elle doit être
l'ornement et la sauvegarde de la vertu.
Qu'elles aient donc un
vêtement suffisamment haut au col, les bras couverts jusqu'au
poignet, une robe qui descende au moins jusqu'en bas des genoux. Le
mieux sera qu'elles y ajoutent un ample manteau.
Leur tête aussi
doit être couverte, préférablement d'un long voile, ou tout au
moins d'un chapeau de dimensions convenables ; en tout cas un bandeau
en forme de couronne ou de diadème ne suffit pas, encore moins une
simple fleur ou quelque ornement jeté sur la chevelure.
Les hommes eux-mêmes ne sauraient
franchir le seuil de nos églises en costume de sport, et encore
moins – est-il besoin de le dire ? — en costume de plage.
Les Curés ont le strict devoir, en
tant que gardiens et interprètes autorisés de la morale chrétienne,
de ne négliger aucune occasion d'insister sur ce grave précepte de
la modestie, selon la règle qui leur en est tracée par l'Apôtre
saint Paul : « Insta opportune, importune ; argue, obscecra,
increpa in omni patientia et doctrina » (2 Tim. 4, 2)
[« Insiste à temps et à contretemps ; reprends, menace,
exhorte, avec une entière patience et toujours en instruisant »].
En tant que gardiens du temple et de
ministres des autels, ils ont mission d'écarter du lieu saint les
profanations sacrilèges que sont les toilettes indécentes,
provocatrices. Ils sauront donc, en postant même des surveillants
attitrés, interdire l'accès de l'église aux personnes que leur
tenue en rend indignes.
Avec la prudence et la modération inhérentes
à leur ministère, ils auront aussi à sanctionner leurs avis jusque
par l'exclusion et le refus des Sacrements, conformément à cette
règle portée par la Sacrée Congrégation du Concile, dans
l'Instruction Vi supremi apostolatus, du 12 janvier 1930 (A.A.S.,
XXII, 1930, 27) :
Les filles et les femmes vêtues de façon déshonnête seront
exclues de la Sainte Communion ; on leur interdira d'exercer les
fonctions de marraine aux sacrements de Baptême et de Confirmation ;
et, si le cas le comporte, on leur interdira même l'entrée de
l'église.
Nous voulons espérer que les mères
chrétiennes ne Nous amèneront point à cette extrémité de
rigueur, en portant jusque dans la maison de Dieu la séduction et
les livrées du paganisme.
Au contraire, elles donneront un si
parfait exemple de dignité et de convenance, elles inculqueront à
leurs filles un si haut respect d'elles-mêmes et une si grande
vénération du lieu saint, que nos églises seront protégées
contre ces désordres funestes pour les âmes.
28 avril 1938.
Référence
J.-M.-Rodrigue cardinal Villeneuve,
o.m.i., « Contre les toilettes immodestes », in
Circulaire au clergé, n° 52, 31 décembre 1938 ; paru dans :
Mandements, lettres pastorales et circulaires des évêques du
Québec, volume 15, 1936-1939, Chancellerie de l'archevêché,
Québec, 1940, p. 468-470.
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