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mardi 5 juillet 2011

Définition de la honte par le Dr F. Poujoul, 1857.


 
HONTE 
(sentiment). 


Reproche de la conscience ; remords d'une mauvaise action qui nous fait rougir ; trouble de l'âme causé par le déshonneur ; conviction du mépris encouru ( Vauvenargues) ; tristesse de l'âme causée par la crainte ou la certitude du blâme (Descartes) : telles sont les définitions que l'on a données de la honte.

On a dit encore de la honte, qu'elle est une sorte de tristesse ou de douleur morale subite et profonde, à laquelle se joint subitement aussi la crainte du mépris, ce qui concentre tout à coup les forces et l'action vitales, en même temps qu'elle agit puissamment sur le cœur, de manière à augmenter l'activité de ses mouvements. De là ces action et réaction organiques, vives et instantanées qui, s'opérant soudainement en sens inverse, donnent lieu à des palpitations violentes et tumultueuses que l'on ressent à la région précordiale, et qui peuvent être suivies des plus grands dangers, si la résistance ou la force des fibres musculaires de l'organe central de la circulation ne triomphe pas de cet état spasmodique. De là, en un mot, des affections graves et même la mort. Ainsi, au rapport de Diogène de Laërce, Diodore le Dialecticien serait mort de honte de n'avoir pu répondre à un argument qu'on lui présenta en présence de Ptolomée Soter.

En considération de ces résultats attribués à la honte, celle-ci pourrait être classée parmi les bonnes qualités, si elle n'était le résultat d'une faute, qui lui ôte tout son mérite. Néanmoins, il est bon que chacun soit accessible à ce sentiment, attendu que celui qui le connaît s'efforce d'éviter de mal faire, retenu qu'il est par la crainte du déshonneur, et pour n'avoir pas à rougir, par conséquent, devant les gens de bien. C'est pourquoi nous dirons de la honte, qu'elle est quelquefois le fidèle gardien de la probité chez l'homme ,ou de la vertu des femmes, très peu étant vertueuses pour la vertu même. (Madame Lambert.) 
 
Mais quant à cette honte qui nous empêche de faire le bien ; quant à ce misérable respect humain qu'on décore du nom de honte ; c'est un défaut qui vient quelquefois de la timidité et plus souvent de la faiblesse, et qui, dès lors, est condamnable dans tous les cas.


Félix-André-Augustin Poujol, Dictionnaire des facultés intellectuelles et affectives de l'âme: ou l'on traite des passions, des vertus, des vices, des défauts, etc., J. P. Migne éditeur, 1857, col. 534.

1 commentaire:

  1. Sans remord, on fait, sans honte, on assume. De plus en plus, la notion de mal se dissipe, se fragmente, ou se relativise. D'ailleurs on rechigne de plus en plus à dire : c'est mal, à condamner. Mais il est moins fréquent d'assumer ce qui passe pour une faute. Et l'expression : c'est une honte, est à la mode.
    On peut tenter une explication : la société est de plus en plus affranchie des règles du bien et du mal. Et en même temps, la pression de la société sur les individus n'a jamais été aussi grande, les codes sociaux jamais aussi nombreux.
    Jean-Louis
    http://inconnaissance.unblog.fr

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