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samedi 18 juin 2011

Analyse de la timidité par J. Bentham.


Les motifs qui engagent un individu dans la carrière d'une accusation sont ordinairement l'un ou l'autre des suivants ou plusieurs ensemble. (…)

Timidité

Soit la crainte de ne pas réussir et de se compromettre dans l'opinion publique, soit cet embarras, cette répugnance machinale qu'éprouvent beaucoup d'hommes quand il s'agit de faire une démarche publique, de se produire sur une grande scène. 

Cette timidité est une modification de ce grand principe, l'amour de la réputation, auquel nous avons attribué plus haut un effet tout opposé : la contradiction n'est qu'apparente; de tous les motifs il n'en est point qui soit aussi sujet à agir contre lui-même : par ce motif un homme publie ses actions, par ce motif un autre cache les siennes. 

Par le désir de la faveur publique, un auteur se livre dans la solitude aux travaux les plus pénibles; et par la crainte de n'être pas approuvé, il enfouit ou détruit lui-même ses ouvrages. La timidité est un motif restrictif dont la force est très grande : il exerce en particulier sur le sexe le plus sensible et le plus délicat une influence aussi naturelle qu'heureuse dans ses effets. 

Jeremy Bentham, Étienne Dumont (trad.), Traité des preuves judiciaires, t. 2, Bossange Frères, Paris, 1823, p. 380.

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