La blague des esprits frappeurs prit naissance à Hydesville, dans l'État de New York, il y a environ dix-sept ans, grâce aux filles d'un certain M. Fox,qui habitait cette ville. Ces jeunes filles avaient remarqué que certains jeux des articulations de leurs corps produisaient des bruits mystérieux ou plutôt des bruits qui n'étaient mystérieux pour ceux qui les entendaient que parce que les moyens à l'aide desquels ils étaient produits leur étaient inconnus. Le retentissement de cette merveille se répandit au dehors, et la famille Fox reçut la visite de nombreuses personnes avides de tout ce qui avait un caractère surnaturel. Peu de temps après que ces bruits étranges eurent été entendus pour la première fois, quelqu'un suggéra l' idée qu'ils étaient peut-être produits par des esprits, et demanda, si sa supposition était exacte, qu'il fut répondu à sa question par la production d'un nombre déterminé de coups frappés. Le nombre spécifié de coups se fit entendre immédiatement. Un système fut aussitôt proposé pour arriver à se mettre en communication avec les esprits. L'investigateur devait réciter l'alphabet en écrivant les lettres qui seraient désignées par les coups frappés. De cette manière, des phrases furent obtenues mais l'orthographe en était bien décidément défectueuse.
L'esprit d'un colporteur, qu'on supposait avoir été assassiné, expliqua sa disparition. Il dit que son corps était enterré dans la maison même où l'on se trouvait, dans un coin de la cave, et qu'il avait été assassiné par un précédent locataire. Un colporteur avait en effet disparu du pays depuis quelque temps d'une façon assez mystérieuse, et tout le monde fut disposé à ajouter foi à l'explication donnée par l'esprit frappeur. Des fouilles furent faites dans la cave jusqu'à une profondeur de huit pieds, mais on ne trouva pas le moindre vestige du cadavre. Bientôt après le colporteur reparut à Hydesville en chair et en os, et pourvu d'un nouvel assortiment de marchandises à vendre.
Que ces coups frappés, que ces raps, pour nous servir de l'expression admise dans la langue des adeptes, fussent produits par des esprits, beaucoup de gens y croyaient fermement. Les fausses communications étaient attribuées a de mauvais esprits. Les réponses aux questions étaient aussi souvent fausses que justes, et elles n'étaient justes que lorsqu'elles pouvaient être facilement devinées, et qu'elles découlaient de la nature même de la question.
La famille Fox se transporta à Rochester, dans l'Etat de New York, aussitôt que la blague des esprits frappeurs eut pris naissance, et ce fut là que furent tentés ses premiers essais publics. Un comité fut choisi pour examiner et contrôler les expériences. Dans leurs rapports, la plupart des commissaires se prononcèrent contre les prétentions des médiums, quoique tous fussent fort embarrassés pour dire comment la chose était faite. A Buffalo, où les Demoiselles Fox firent ensuite émigrer leurs esprits, un comité de médecins décida que les bruits étaient produits par les Demoiselles Fox elles-mêmes, qui les obtenaient à l'aide du relâchement des attaches de leurs articulations et en faisant craquer les jointures de leurs orteils et de leurs genoux. Cette théorie, qui fut tournée en ridicule par les spirites au moment où elle se produisit aussi, bien que depuis, était exacte, et fut prouvée par les nouveaux développements qui lui furent donnés.
Mme Culver, une parente des Demoiselles Fox, déclara solennellement devant un magistratque l'une des jeunes filles lui avait appris le moyen dé produire des raps, sous la condition de ne communiquer à personne la révélation qu'elle lui faisait. Mme Culver était une bonne Chrétienne, et elle considéra comme un devoir de dénoncer une fourberie poussée aussi loin.
Comme preuve de sa déclaration, elle produisit des raps devant le magistrat, et lui expliqua la manière dont ils étaient obtenus.
Le Docteur W. F. Van Vleck, de l'Ohio, qui, pour savoir les moyens employés par les différents médiums, s'était fait passer pour un fervent adepte du spiritisme et avait paru leur prêter un actif concours, produisait, devant le cercle de personnes qui l'entourait, des raps qu'il variait de manière à ce qu'ils parussent partir de différents points de la salle, et pourtant pas un mouvement de son corps ne venait trahir qu'ils fussent produits par lui.
La famille Fox trouva qu'il y avait dans les rapsune affaire à exploiter, et elle continua son petit commerce pendant plusieurs années'avec des chances diverses, en prenant New York comme résidence et comme principal centre d'opération. Je crois que pas un des membres qui la composent ne fait maintenant profession de spiritisme. Margaret Fox, la plus jeune des soeurs; a embrassé, il y a quelque temps, la Religion Catholique Romaine.
L'esprit d'un colporteur, qu'on supposait avoir été assassiné, expliqua sa disparition. Il dit que son corps était enterré dans la maison même où l'on se trouvait, dans un coin de la cave, et qu'il avait été assassiné par un précédent locataire. Un colporteur avait en effet disparu du pays depuis quelque temps d'une façon assez mystérieuse, et tout le monde fut disposé à ajouter foi à l'explication donnée par l'esprit frappeur. Des fouilles furent faites dans la cave jusqu'à une profondeur de huit pieds, mais on ne trouva pas le moindre vestige du cadavre. Bientôt après le colporteur reparut à Hydesville en chair et en os, et pourvu d'un nouvel assortiment de marchandises à vendre.
Que ces coups frappés, que ces raps, pour nous servir de l'expression admise dans la langue des adeptes, fussent produits par des esprits, beaucoup de gens y croyaient fermement. Les fausses communications étaient attribuées a de mauvais esprits. Les réponses aux questions étaient aussi souvent fausses que justes, et elles n'étaient justes que lorsqu'elles pouvaient être facilement devinées, et qu'elles découlaient de la nature même de la question.
La famille Fox se transporta à Rochester, dans l'Etat de New York, aussitôt que la blague des esprits frappeurs eut pris naissance, et ce fut là que furent tentés ses premiers essais publics. Un comité fut choisi pour examiner et contrôler les expériences. Dans leurs rapports, la plupart des commissaires se prononcèrent contre les prétentions des médiums, quoique tous fussent fort embarrassés pour dire comment la chose était faite. A Buffalo, où les Demoiselles Fox firent ensuite émigrer leurs esprits, un comité de médecins décida que les bruits étaient produits par les Demoiselles Fox elles-mêmes, qui les obtenaient à l'aide du relâchement des attaches de leurs articulations et en faisant craquer les jointures de leurs orteils et de leurs genoux. Cette théorie, qui fut tournée en ridicule par les spirites au moment où elle se produisit aussi, bien que depuis, était exacte, et fut prouvée par les nouveaux développements qui lui furent donnés.
Mme Culver, une parente des Demoiselles Fox, déclara solennellement devant un magistratque l'une des jeunes filles lui avait appris le moyen dé produire des raps, sous la condition de ne communiquer à personne la révélation qu'elle lui faisait. Mme Culver était une bonne Chrétienne, et elle considéra comme un devoir de dénoncer une fourberie poussée aussi loin.
Comme preuve de sa déclaration, elle produisit des raps devant le magistrat, et lui expliqua la manière dont ils étaient obtenus.
Le Docteur W. F. Van Vleck, de l'Ohio, qui, pour savoir les moyens employés par les différents médiums, s'était fait passer pour un fervent adepte du spiritisme et avait paru leur prêter un actif concours, produisait, devant le cercle de personnes qui l'entourait, des raps qu'il variait de manière à ce qu'ils parussent partir de différents points de la salle, et pourtant pas un mouvement de son corps ne venait trahir qu'ils fussent produits par lui.
La famille Fox trouva qu'il y avait dans les rapsune affaire à exploiter, et elle continua son petit commerce pendant plusieurs années'avec des chances diverses, en prenant New York comme résidence et comme principal centre d'opération. Je crois que pas un des membres qui la composent ne fait maintenant profession de spiritisme. Margaret Fox, la plus jeune des soeurs; a embrassé, il y a quelque temps, la Religion Catholique Romaine.
Depuis l'apparition du spiritisme, les merveilles qu'on lui a demandées se sont accrues constamment avec le nombre toujours croissant des médiums. Beaucoup d'individus, qui autrement n'avaient pas
la moindre chance de se distinguer de la foule, sont devenus médiums pour acquérir au moins la célébrité, à défaut d'avantages plus positifs.
Les communications au moyen des raps étaient un procédé lent, aussi quelques médiums prirent-ils la liberté d'écrire à l'aide de mouvements convulsifs; d'autres parlèrent, plongés dans un état d'extase et tout cela sous l'influence des esprits.
La médianimité est devenue une profession au moyen de laquelle bon nombre de personnes gagnent leur vie.
Il y a plusieurs classes de médiums, et chacun des médiums appartenant à ces différentes classes renferme ses opérations dans un cercle particulier de jongleries spirites.
Quelques-uns se donnent là qualité de médiums à épreuves, et par la répétition de certaines formules ils arrivent à étonner, si ce n'est à convaincre, le plus grand nombre de ceux qui assistent à leurs expériences. C'est par les médiums de cette catégorie que le public a le plus de chances probables d'être trompé.
la moindre chance de se distinguer de la foule, sont devenus médiums pour acquérir au moins la célébrité, à défaut d'avantages plus positifs.
Les communications au moyen des raps étaient un procédé lent, aussi quelques médiums prirent-ils la liberté d'écrire à l'aide de mouvements convulsifs; d'autres parlèrent, plongés dans un état d'extase et tout cela sous l'influence des esprits.
La médianimité est devenue une profession au moyen de laquelle bon nombre de personnes gagnent leur vie.
Il y a plusieurs classes de médiums, et chacun des médiums appartenant à ces différentes classes renferme ses opérations dans un cercle particulier de jongleries spirites.
Quelques-uns se donnent là qualité de médiums à épreuves, et par la répétition de certaines formules ils arrivent à étonner, si ce n'est à convaincre, le plus grand nombre de ceux qui assistent à leurs expériences. C'est par les médiums de cette catégorie que le public a le plus de chances probables d'être trompé.
Phineas Taylor Barnum, Les blagues de l'univers, A. Faure, Paris, 1866, p. 60-63.
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